Tribute to Julian Bream

By Roxane Elfasci. 

Article released in Guitare Classique #94. December 2020-February 2021.

Julian Bream fait partie de ces rares artistes qui avant même leur mort étaient déjà entrés dans la légende. Car Julian Bream n’était pas seulement un guitariste virtuose, pas seulement un concertiste adulé, pas seulement un excellent musicien. Julian Bream est une légende parce qu’il a, comme Francisco Tárrega ou Andrés Segovia, infléchi le cours de l’histoire de la guitare et l’a considérablement enrichie de sa démarche et de sa personnalité. 

Rendre hommage à l’artiste, à l’homme

On ne retient souvent d’un artiste que ses œuvres et c’est sans doute déjà beaucoup. Pourtant, un artiste ne se réduit pas à cela, encore moins à ses dates de vie et de mort apprises par cœur ou à une biographie énumérant une série d’évènements factuels sans saveur. Pour rendre hommage à Julian Bream, il faudrait réussir à saisir toute l’humanité qu’il a mise dans son œuvre : ses doutes, ses amours, ses contradictions, ses rêves, et s’efforcer de comprendre l’homme qui fait l’artiste jusqu’à ce que nous saisissions tout le mérite d’une telle épopée humaine. 

La tâche est sans doute plus aisée pour Julian Bream que pour Fernando Sor par exemple, parce que nous avons la chance de disposer pour le premier d’une grande quantité de photos, de vidéos, de témoignages, de disques et de reportages, et qui sont autant de supports précieux et vivants pour saisir la réalité du personnage. Il est nécessaire pour cela de réquisitionner tous nos sens : lire ses interviews, écouter ses enregistrements, mais aussi voir : voir Julian Bream donner ses concerts, le voir répondre aux questions des journalistes, le voir donner des masterclasses, et même le voir dans les simples choses du quotidien comme se promener dans la campagne anglaise ou conduire sa voiture. 

Il existe deux supports merveilleusement touchants, et qui permettent le mieux cette plongée dans l’univers de Julian Bream : l’ouvrage A Life on the road dirigé par Tony Palmer et publié en 1982  ainsi que le film My Life in Music, réalisé en 2003 par Paul Balmer. Dans A life on the Road, le journaliste Tony Palmer accompagne pendant plusieurs semaines la vie d’un Julian Bream alors en pleine effervescence artistique. Comme le titre l’indique, l’artiste est sans arrêt sur la route pour ses tournées de concerts à travers l’Europe et les Etats-Unis ; l’ouvrage nous raconte l’intimité de cette vie, depuis la retranscription des dialogues entre le guitariste et les directeurs de salle jusqu’au choix de ses tenues vestimentaires avant un concert. Quant au documentaire My Life in Music, il a été réalisé à la toute fin de sa carrière musicale et joue donc le rôle d’un mémoire : Julian Bream âgé de 70 ans revient sur sa jeunesse, sur son évolution, sur ses réussites comme sur ses aspirations déçues, avec le recul et la sagesse de la vieillesse.

Un guitariste du passé ? 

 Julian Bream a vécu quatre-vingt-sept ans. Sa carrière musicale a duré cinquante ans : depuis son premier vrai concert en 1951 au Wigmore Hall de Londres jusqu’à ce qu’il annonce officiellement son retrait de la scène musicale en 2002. Julian Bream a été en cela, le guitariste de la seconde moitié du 20ème siècle. Depuis, vingt ans se sont écoulés et il peut sembler que c’est peu, mais au regard de la rapidité avec lequel le monde se transforme, y compris le monde musical souvent pourtant décrié pour son conservatisme, c’est énorme. Le monde du 21ème siècle, et a fortiori celui du troisième millénaire, est déjà un tout autre univers. Julian Bream a d’autant plus ce statut de légende qu’il semble appartenir à un monde révolu, à un passé presque lointain, et incarne une manière complètement différente de penser la musique et d’aborder la guitare de celle qui domine aujourd’hui. 

Le timbre et les couleurs, signature de Julian Bream

La première chose qui distingue complètement Julian Bream des nouvelles générations de guitaristes, c’est le son. Aujourd’hui, nous sommes essentiellement préoccupés par deux choses : la pureté et la projection, comme si nous cherchions de plus en plus à retrouver avec nos guitares le son lisse et rassurant du piano. 

On peut dire à l’inverse que Julian Bream assumait totalement la guitare et son timbre : il ne cherchait pas en jouant à camoufler les aspérités de l’instrument mais prenait plaisir au contraire à les exacerber. Dans son jeu, Julian Bream n’était ni timide ni prudent, et on le réalise en entendant avec quel aplomb étaient utilisées les riches couleurs de la guitare : quand Julian Bream timbre près du chevalet, il ne le fait pas à moitié et quand il cherche à donner une profondeur à la guitare, il arrive à trouver sur la touche des sonorités inouïes. C’est l’une des raisons pour lesquelles les enregistrements de Julian Bream sont si vivants : la guitare est tour à tour lyrique, criarde, agressive, ironique, profonde. Le son est en fait loin d’être toujours beau, mais il est toujours par conséquent au plus près de la vérité musicale. Cet engagement total de Julian Bream dans le son fait entièrement partie de son identité artistique et il est de ces rares guitaristes dont on peut, avec un peu d’expérience d’écoute, reconnaître le son et le jeu entre mille autres.  

Un apprentissage atypique, sans véritable maître  

Pour se construire une carrière artistique, les instrumentistes classiques n’échappent que très rarement aux deux passages obligés : de longues années d’études dans les Conservatoires auprès des plus grands professionnels, et des concours nationaux et internationaux en parallèle pour se faire connaître. Ce qui a fait la force et la liberté de Julian Bream, c’est probablement d’avoir échappé à cela, à ces parcours dans lequel il est parfois difficile de se construire une véritable identité et d’échapper à une compétitivité parfois néfaste au déploiement des sensibilités individuelles. 

Julian Bream a d’abord été initié à l’instrument par son père qui jouait de la guitare avec un groupe d’amis, tous musiciens amateurs. Bream décrit son père comme étant un artiste, qui savait dessiner, jouer du piano, de la guitare, du banjo… et surtout était très sensible à la belle musique. C’est souvent en cherchant dans l’enfance des artistes que l’on trouve les racines profondes de leur passion : ainsi, pour Julian Bream, l’écoute des enregistrements de Django Reinhardt et d’Andrés Segovia – deux mondes pourtant bien différents : le jazz manouche et le classique – le détermineront à consacrer sa vie à la guitare. 

Son père et lui découvriront dans le journal l’existence d’une petite association de guitaristes, la Philharmonic Society of Guitarists, où des amateurs se réunissent de temps en temps pour faire vivre la guitare classique alors quasiment absente de la culture anglaise. Boris Perott, un vieux guitariste russe au style démodé et qui dirige le club, donnera quelques leçons de guitare à Julian Bream. A 16 ans, celui-ci passe une audition pour entrer à la prestigieuse école de musique de Londres : le Royal College of Music. Il joue un peu de guitare, de piano et improvise à la demande du jury. Le directeur accepte de laisser sa chance au jeune musicien prometteur et annule même pour lui les frais d’inscriptions que Bream n’aurait alors pas pu assumer. Il n’y a cependant pas de cours de guitare dans les écoles de musique anglaise à cette époque, et Bream étudie donc pendant trois ans le piano, le violoncelle, l’harmonie et la composition.

Loin de remettre en cause sa vocation, cette situation le conforte au contraire dans son désir d’œuvrer pour la reconnaissance de la guitare en Angleterre et ailleurs. En parallèle de ses études, il continue donc d’apprendre seul la guitare, grâce à des méthodes offertes par son père, à l’observation des mains de Segovia lorsque celui vient à Londres jouer le concerto de Tedesco après la Seconde Guerre Mondiale, et à des partitions dénichées dans la bibliothèque de la Philharmonic Society. En 1951, alors qu’il n’a que 18 ans, Julian Bream se sent prêt à organiser son premier vrai concert dans la grande salle londonienne du Wigmore Hall. Il passe plusieurs semaines à faire la promotion de son propre récital notamment auprès de ses camarades musiciens et le défi est relevé puisque la salle ce jour-là sera comble.

Une guitare pas si classique

Julian Bream est également un musicien hors du commun pour avoir réussi à faire tomber les frontières entre les différents styles. On reproche souvent au monde musical occidental d’être excessivement cloisonné : les univers des « classiqueux », des « baroqueux » ou des « jazzeux » se jouxtent mais ne se mélangent pas. Chacun suit sa propre formation dans les Conservatoires et plus tard, les lieux de représentation et les publics auxquels chacun de ses univers s’adressent resteront étrangers les uns des autres. Julian Bream avait lui, une triple casquette : celle d’un guitariste classique, d’un joueur de jazz, et celle d’un luthiste virtuose. 

Le jazz a en effet été la porte d’entrée de Julian Bream dans la musique : son enfance a été bercée par l’inventivité mélodique et la sensibilité artistique des enregistrements de Django Reinhardt, pour qui il aura toujours une grande admiration. Stefan Grappelli, l’un des grands violonistes du 20ème siècle et qui a accompagné Django durant la majeure partie de sa carrière musicale, invitera d’ailleurs Julian Bream à jouer avec lui sur scène lors d’un concert au Albert Hall en 1978. Tous deux rendront hommage au fondateur du jazz manouche en interprétant en duo l’une de ses compositions, Nuages

Le jazz, c’est aussi ce qui a sauvé Julian Bream lors de la dure expérience du service militaire, qui était obligatoire dans beaucoup de pays européens alors. Que venait faire ce jeune artiste imprégné de musique et de poésie dans ce monde de rigueur et d’insensibilité ? Julian Bream raconte qu’au cours d’une séance d’entraînement, la baïonnette d’un de ses camarades faillit lui sectionner les doigts lors d’une chute et que, traumatisé, il se mit sur le terrain à pleurer à chaudes larmes tout en se faisant le serment de ne plus jamais reprendre un tel risque, surtout pour la cause politique qui lui était, de son propre aveu, tout à fait indifférente. Ce serment fut tenu car il réussit très vite à trouver une alternative et à se faire engager comme guitariste de jazz dans un groupe militaire dédié à la danse des officiers, le Royal Artillery Band. On peut trouver ainsi dans les archives, des photos de Julian Bream l’air joyeux et comblé malgré l’uniforme militaire, avec dans les mains une magnifique guitare électro-acoustique Epiphone prêtée par l’armée. 

Le jazz fut donc pour Bream un élément important de sa construction artistique et, sans être un improvisateur de génie, il ne prenait pas moins de plaisir à organiser de temps à autres des bœufs avec ses amis. Ces jam sessions ont d’ailleurs considérablement influencé son jeu de guitariste classique en lui permettant d’équilibrer toujours la rigueur imposée par l’interprétation avec la spontanéité et la liberté offerte par le jazz. 

Une vie mais deux passions : le luth et la guitare

Julian Bream a été en revanche considéré comme l’un des plus grands luthistes de son temps et a œuvré avec beaucoup d’engagement à la renaissance du luth, cet instrument qui après son âge d’or au 16ème siècle, était quasiment tombé dans l’oubli. Sa passion pour le luth remonte à une découverte fortuite dans les années 1950 : alors qu’il explorait la bibliothèque du British Museum à l’affut de partitions de guitare pour accompagner des émissions de  radios à la BBC, Julian Bream tombe sur des anciens manuscrits de musique pour luth de la Renaissance. Il est immédiatement séduit par l’extraordinaire vitalité de cette musique et là encore, loin de désespérer de l’absence de professeurs et d’instruments de musique ancienne dans cette Angleterre du 20ème siècle, Julian Bream passe des mois à transcrire les tablatures du luth sur portées usuelles et apprend tout seul la technique de l’instrument après avoir sollicité son ami Thomas Goff, facteur de clavecin, pour qu’il lui fabrique un luth. Peu lui importe les critiques de certains puristes qui jugent son jeu de luthiste trop « guitaristique » : Julian Bream garde sa ferveur et son instinct musical intacts, et ne se prive pas de jouer avec les ongles et d’utiliser les couleurs de l’instrument à sa manière, c’est-à-dire sans concessions. 

Dès le milieu des années 50, toute sa carrière sur scène comme en studio se partagera quasiment à part égale entre le luth et la guitare. L’une des plus grandes fiertés de son parcours fut le succès de son ensemble de musique baroque, le Julian Bream Consort, composé de six instruments : le luth de Julian Bream accompagné d’un violon, d’une viole de gambe, d’une flûte, d’une cithare, et d’une bandore – l’équivalent d’un luth au registre plus grave. Avec son ensemble, Julian Bream organisera plusieurs tournées en Angleterre et en Europe et enregistrera le magnifique disque Evening of Elizabehtan Music (1962) qui comprend des œuvres de John Dowland, Thomas Morley, John Johnson et autres grands musiciens de cette foisonnante époque élisabéthaine. 

Sa passion pour la musique ancienne s’exprimera également à travers son duo avec le claveciniste George Malcolm et à travers son étroite collaboration avec le chanteur Peter Pears avec qui il enregistrera une dizaine de disques constituant ainsi une immense anthologie des chansons de la Renaissance anglaise. L’une des consécrations de Julian Bream en tant que luthiste fut d’enregistrer en 1974 les concertos de Vivaldi, Kohaut et Haendel, avec le prestigieux Monteverdi Orchestra dirigé par l’un des chefs d’orchestre les plus renommés de la musique ancienne : John Eliot Gardiner. 

Un engagement pour la musique contemporaine

L’immense mérite enfin de Julian Bream et qui fait de lui l’un des guitaristes les plus illustres de notre communauté, c’est l’énergie qu’il a déployée pour élargir le répertoire de la guitare classique. On le compare souvent pour cette raison à Segovia qui avait depuis les années 1920 incité des compositeurs comme Torroba, Turina, Rodrigo, Villa-Lobos, Tedesco, Ponce ou Tansman à écrire pour l’instrument. Cette démarche était nécessaire pour sortir la guitare de l’ombre et lui permettre d’acquérir sa place dans les grandes salles de concert et dans les Conservatoires. 

Julian Bream, qui avait beaucoup souffert de cette méconnaissance de l’instrument durant sa jeunesse, avait plus que n’importe qui conscience de cette nécessité. Bien que reconnaissant tous les mérites de Segovia, Bream reprochait à ce dernier de n’être pas allé jusqu’au bout de sa quête de recherche de modernité. Segovia n’avait par exemple jamais jouée la pièce Segovia que lui avait dédiée Albert Roussel, ou encore les Quatre pièces brèves du compositeur suisse Franck Martin, alors qu’il s’agissait, selon Bream, des deux meilleures pièces jamais écrites pour lui. La grande majorité des pièces jouées par Segovia étaient magnifiques, certes, mais en retard par rapport à leur temps, comme si le répertoire de la guitare n’était pas capable de suivre les grandes transformations de l’histoire de la musique et notamment les bouleversements du langage qu’avaient amenés au début du 20ème siècle, des œuvres comme le Sacre du Printemps de Stravinsky ou l’atonalité explorée par Schoenberg. 

L’album 20th Century Guitar enregistré par Julian Bream en 1967 se situe ainsi dans un tout autre registre que le « sage » répertoire ségovien : on y trouve des œuvres résolument atonales, comme El polifemo de oro de Brindle, de la musique sérielle comme Drei Tentos écrite par Henze, ou encore l’audacieux Nocturnal composé par Benjamin Britten en hommage à la subtile personnalité de Julian Bream. Il semble que peu de compositeurs anglais du second 20ème siècle aient échappé aux sollicitations de Bream : Benjamin Britten, Lennox Berkeley, William Walton, Malcolm Arnold, Richard Rodney Benett, Michael Tipett, Peter Maxwell Davies… lui ont tous écrit des pièces ; et le prosélytisme de Julian Bream ne s’est pas cantonné aux frontières britanniques, puisque des grands comme Brouwer ou Takemitsu lui ont également dédié des œuvres. 

Bream ne négligeait pas pour autant la musique classique et romantique ni le répertoire espagnol. Il mettait simplement un point d’honneur à amener lors de chacun de ses récitals la nuance de fraîcheur et de vitalité apportée par les créations contemporaines. Sa prolifique discographie reflète d’ailleurs bien son éclectisme musical ainsi que son aisance à naviguer d’un style comme d’un siècle à l’autre.  

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Julian Bream avait une force de caractère incroyable, qui lui permettait d’être à tout moment sur tous les fronts. Il était le plus souvent son propre imprésario lors de ses tournées : c’est lui qui établissait les étapes de ses voyages, sélectionnait les salles de concert, supervisait jusqu’à l’éclairage, négociait ses enveloppes, élaborait son programme, et se conduisait de concerts en concerts. Malgré toutes les rencontres de sa carrière, malgré ses deux mariages, Julian Bream se décrivait comme un éternel solitaire et regrettait parfois cette vie sur la route qui l’éloignait de l’apaisement et du calme de la campagne anglaise. Toute sa vie, il a cherché à concilier ces deux aspirations contradictoires en lui et si sa musique a touché tellement de gens, c’est aussi parce qu’elle était le reflet d’une âme passionnée en quête permanente de vérité et de spiritualité.

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Les guitares de Julian Bream

L’histoire de la guitare est indissociable des évolutions de la lutherie car elles ont permis aux guitaristes d’avoir des instruments à la hauteur des progrès de leurs exigences musicales et techniques. Parmi les collaborations légendaires entre interprètes et luthiers, il faut citer celles de Fernando Sor et René François Lacôte, de Julian Arcas et Antonio de Torres, et d’Andrés Segovia avec Manuel Ramirez puis avec Hermann Hauser. Lorsqu’il a commencé sa carrière, Bream s’est lui aussi mis à chercher le luthier qui lui construirait un instrument sur mesure. Jusque dans les années 1960, il jouait essentiellement sur les guitares du luthier français Robert Bouchet. 

En 1967, Julian Bream acquiert une vielle ferme dans la campagne des environs de Londres et transforme l’étable attenante en atelier de lutherie, dans lequel il invitera plusieurs facteurs d’instruments à travailler : David Rubio (guitares et luths, sur lesquels Bream jouera régulièrement), Michael Johnson (pianos et clavecins), Anton Smith (luths) et José Romanillos. C’est ce dernier qui fournira à Julian Bream ses guitares de cœur. 

José Romanillos était un charpentier de métier et luthier à ses heures perdues ; Julian Bream le convainquit de se consacrer entièrement à la guitare et le guida dans ses recherches en lutherie en lui suggérant de s’inspirer des guitares encore jamais inégalées de Hauser. Le modèle Romanillos de 1973 séduit entièrement Julian Bream et ne le quitta quasiment plus par la suite lors de ses tournées et de ses enregistrements. 

Quelques infos supplémentaires, en bref : 

* La première pièce expressément composée pour Julian Bream date de 1947. Il s’agit d’un Nocturne de Reginald Smith Brindle.  

* Le plus grand regret de Bream, c’est de n’avoir pas réussi à convaincre Stravinsky et Chostakovitch à écrire pour guitare. Dans une célèbre vidéo (disponible sur Youtube) on peut voir Julian Bream présenter son luth à Stravinsky alors en pleine répétition avec orchestre. Au milieu du brouhaha des musiciens, Bream lui joue une pavane mais sans réussir à capter son attention. Il avouera plus tard que ce fut l’un des moments les plus embarrassants de sa vie. 

* En 1963, Bream organise une tournée de concerts en Inde, au nom du Consulat Britannique qui lui finance en échange son voyage. Il aura l’occasion sur place de jouer et d’enregistrer avec Ali Akbar Khan, grand joueur de sarode. Pour le dernier concert de sa tournée dans la ville de Guwahati, las de la prohibition qui sévissait alors en Inde, Bream accepte de jouer gratuitement en échange d’une bouteille de whisky ! 

* Julian Bream récupérait directement ses cordes à New York, dans les ateliers de Madame Rose Augustine. Très perfectionniste, il ne voyageait jamais sans un micromètre pour vérifier, avant de les changer, l’épaisseur de chacune de ses nouvelles cordes.  

* Bream aimait les guitares légères et maniables : sa Romanillos était au diapason 64, soit légèrement inférieur à la moyenne. 

* Une grande partie des disques de Julian Bream a été enregistrée par le label RCA Records dans une chapelle à Waldour, avec Jimmy Burnett comme producteur et John Bower comme ingénieur du son. L’entente entre les trois hommes était totale, et pour plaisanter, Bream l’attribuait à la concordance exacte de leurs initiales. 

* C’était aussi un passionné de sport, et il avouait prendre encore plus de plaisir sur un terrain de cricket que sur scène !

* Bream a formé pendant quelques années un duo mythique avec John Williams. Le disque Live, enregistré en direct lors d’une tournée du duo à New York et à Boston en 1979, était de tous les enregistrements de la carrière de Bream, son préféré.